Vente 28 Septembre 2021

Jean-Jacques Morvan (1928-2005)

Mardi 28 septembre 2021 à 14 h à Brest

« Pour un peintre, comme pour un écrivain, la simplicité ne vient qu’avec le métier. Et le métier ne vient qu’avec l’amour. Aimer la pâte, savoir en tirer soi-même des jouissances que rien ne saurait remplacer, c’est cela être peintre. Morvan le sait, mais il sait aussi que le métier de peintre est une longue souffrance qui conduit au bonheur »
Bernard CLAVEL, 1970

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Possibilité d’enchérir en live sur :

www.interencheres.com et www.drouotonline.com


Expositions sur place

  • Lundi 27 septembre : de 10h à 12h et de 14h à 19h
  • Le matin de la vente : de 10h à 11h30

Frais de vente : 24%

Conditions générales de la vente et ordre d’achat


Jean-Jacques Morvan naît en 1928 à Paris, issu d’une famille bretonne. Ses études, il les mène au Lycée Voltaire et Condorcet. Sûr de sa passion, il passe par l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Paris, mais se désintéresse de cet enseignement qu’il juge trop académique. Il y rencontre néanmoins et fréquente Jacques Villon, Clavé, Lorjou, Viera da Silva, Rebeyrolle…
En 1945, à 17 ans, il se porte volontaire comme secouriste pour escorter les déportés revenus des camps de la Mort. Cette expérience ne le quittera plus. La même année, il s’installe dans la chambre de Rebeyrolle, rue Madame. Il a comme amis Bazaine et Lapicque et vit de peu. Il travaille tous les supports et techniques, goudron, bouts de tissu, arêtes de poisson, vieux papiers. En 1947, il commence à exposer au Salon des moins de Trente ans. Jacques Villon l’introduit dans son cercle de connaissances et à partir de 1949, il y côtoie le monde des acteurs de cinéma et de théâtre par le truchement de Roger Blin, acteur et metteur en scène. Jean-Jacques Morvan se lie d’amitié avec Pierre Brasseur, Daniel Gélin, Catherine Sauvage… Il est repéré pour ses talents d’écriture et devient journaliste à l’Express. C’est le temps d’autres rencontres avec les auteurs : Henri Michaux, René Char, Albert Camus, Jacques Prévert. Cette même année, il réalise sa première exposition personnelle et ses premiers clients sont le monde du spectacle et de la littérature. À 21 ans, il vit le jour et la nuit, comme si la vie était trop courte. En 1951, il réalise une autre exposition personnelle à la Galerie la Boétie à Paris.
Il découvre la Corse pendant les étés 54-55, près de Propriano. À l’instar de Matisse, il subit le choc de la lumière, de la couleur et découvre la peinture sur le motif. Son art, qui reste un peu torturé, évolue alors vers plus de simplicité. Il est heureux et expose régulièrement avec ses amis Pelayo, Clavé, Andréou, Yankel, Guerrier… La critique commence à parler de Nouvelle École de Paris. Albert Camus le collectionne. Il expose dès 1962 aux États-Unis et obtient de nombreux prix, sa peinture rencontre son public, elle se vend bien. Avec ce succès, il achète une maison dans le Lubéron, endroit découvert grâce à son ami René Char. Gaston Bachelard, un autre proche, l’introduit auprès de Katia Granoff, galeriste reconnue et découvreuse de talents comme Marc Chagall, Chana Orloff… Une première exposition personnelle est montée au sein de sa galerie parisienne en 1964 sur le thème du feu.
À Paris, Jean-Jacques Morvan fréquente tout le milieu artistique et littéraire. Ami de Jacques Prévert, ils se voient presque tous les jours, déambulent et s’amusent. Il peint les scènes de la vie quotidienne, les toits de Paris, la Nature et pour la première fois, apparaissent des couples enlacés. Fort de son succès, il voyage beaucoup à l’étranger et notamment dans le bassin méditerranéen où son art se synthétise. Il dira alors : « J’ai traqué les filles et le soleil qui entrait en elles. J’ai creusé et trouvé l’ombre. Les gris et les ocres et les rouges et les ors se sont ordonnés ».
En 1967, il part à Montréal pour participer à l’Exposition Universelle. Il découvre le Grand Nord et sa lumière sourde, décide de vivre avec les inuits. Sa palette devient ample, calme, apaisée, plus silencieuse. Il y écrira un journal personnel en 1968-1969 : « Temps hémophiles ». Du Canada, il rayonne sur le continent américain, puis revient avec une palette plus abstraite. C’est l’époque des grands espaces, des « amoureuses » et des « torses ».
Mais lui reviennent les images de la Guerre et en 1973, il se terre dans le midi pour peindre ses visions de suppliciés, ses âmes moribondes revenues des camps de la mort. Cette période donnera vie jusqu’en 1975 à la série « Nuit et Brouillard ». Pour échapper à ce monde des suppliciés et de la nuit, il part en 1975 en Bretagne. Il se réconcilie avec lui-même et se ressource au contact de la nature et de la mer. Il dira : « Quand tu quittes le rivage ; les petits souffles pressés, criés, sont mouettes, affolées ; et je suis ciel… ». En 1977, il devient peintre de la Marine et bon marin. Il aime la mer, il peint les ciels, les signes, les roches et la figure humaine disparait petit à petit. À la fin des années 80, Jean-Jacques Morvan vit retiré du monde qu’il a du mal à comprendre. Puis l’élan créateur le submerge à nouveau, il réalise des graffitis où l’humain est présent : cela donnera vie à la série des « papivores », œuvres sur papier. Marqué par la violence de cette époque, ayant perdu beaucoup d’amis, il reste désormais un peu reclus, arpentant les paysages à travers ses carnets de route. Est préparée une exposition sur ses 50 ans de création quand la mort l’emporte.
Nous remercions les collectionneurs qui nous ont fait confiance. C’est une joie de faire redécouvrir Jean-Jacques Morvan, un artiste protéiforme et marqueur de son époque, reconnu par la critique comme le plus jeune représentant de la Nouvelle École de Paris.
Jean-Jacques Morvan a participé à plus de 250 expositions en France comme à l’étranger, notamment à Paris chez Katia Granoff, la Galerie Bellechasse, de la Boétie, à New-York chez David Findlay, à Genève chez Jacques Bénador et Cramer, à Tokyo…
Il a répondu à de nombreuses commandes publiques notamment pour la ville de Toulon et son Centre océanographique, a créé des tapisseries pour la ville de Montréal, des monnaies et sculptures pour la Monnaie de Paris, des sculptures. Il a également participé à des Biennales internationales. On le trouve dans plusieurs musées au monde, au Vatican… Jean-Jacques Morvan a écrit de nombreux ouvrages poétiques, fut illustrateur, critique littéraire et comédien.

Distinctions et Prix

  • Prix Abdel Tif en 1957
  • Médaille d’Or au Salon de la Marine en 1974
  • Peintre de la Marine en 1977
  • Médaille d’Or au Salon des Artistes français 1978

Bibliographie

  • Jean-Jacques MORVAN, À l’ombre de la pluie, poèmes et dessins originaux, éditions « Connaître », Genève, 1958.
  • Jean-Jacques MORVAN, Les couleurs du verbe Être, Editions « Découvertes », Ampurias, 1963.
  • Jean-Jacques MORVAN, Les Amours jaunes, poèmes de Tristan Corbières, cent trente-six lithographies originales, cent trente-cinq exemplaires numérotés, éditions Main Pierre, Paris, 1976.
  • Jean-Jacques MORVAN, Mes petites amoureuses, éditions Amandine, Marseille, 1979.
  • Jean-Jacques MORVAN, Sur la pierre inclinée, éditions Jacques Brémond, Avignon, 1980.
  • Jean-Jacques MORVAN, Parce que le temps ne va plus à pied et que l’amour reste en amont…, éditions Amandine, Marseille, 1983.
  • Jean-Jacques MORVAN, Mes Penn Ar Bed, éditions Jacques Brémond, Avignon, 1992.
  • Jean-Jacques MORVAN, Nuit et Brouillard, Paris, Somogy éditions d’art, 1998.
  • Jean-Jacques MORVAN, Livres illustrés et manuscrits, Librairie Pierre-Adrien Yvinec, Catalogue n° 7, Paris, 2000.